mercredi 21 septembre 2011

Captain America



A comme Auteur.

« La guerre n'est pas une aventure. La guerre est une maladie. Comme le typhus. »

Antoine de Saint-Exupéry.


A comme Armée.

Tout commence par cette rue vide et sombre, éclairée par un feu de signalisation se perdant dans la brume. Plus distinctement, un bureau de recrutement de l'armée, froidement illuminé par un lampadaire impersonnel. Une représentation graphique d'un soldat et l'ombre permanente de la mort. Le fait pour un soldat de devenir une machine de guerre, obéissante et pensant par ses supérieurs laisse planer cette odeur de mort. Le dévouement pour sa patrie est en soi, un symbole fort, une nécessité dans nos sociétés actuelles. Ce tableau pose cette question du dévouement : Jusqu'où aller pour notre pays ?

A comme Apogée.

L'apogée de la haine sous toutes ces formes et de la bêtise. Ici, il est clairement associé au fait d'entrée dans l'armée, la perte de son cerveau, afin de devenir une machine obéissante. L'absence de libre arbitre permet également d'effacer toutes peurs, angoisses. La peur de la mort doit se cacher au plus profond de vous même afin de suivre au mieux les intérêts de votre pays. Cette vanité de nous croire immortels est anéantie par cette masse rouge surmontée de ce « A ».

D'où le besoin de s'appuyer sur un texte des Doors, ce groupe antimilitariste à cheveux longs, qui rappelle que la vie d'un homme ne vaut pas grand chose depuis quelques temps.

A comme Captain America.

Ce crâne rouge sang et ce A d'un blanc immaculé rappelle le super héros américain ; un surhomme soldat patriote jusqu'au bout du costume. Seulement, dans ce tableau, il est bien plus que mort, il est la Mort en personne. Il n'a plus de visage, uniquement un crâne rouge rappelant le sang versé. Il n'est plus le super héros rutilant de patriotisme mais la Mort en personne dominant le bureau de recrutement, prêt à prendre des vies. Ce n'est plus une menace mais la réalité des faits.

Ce tableau est à lui seul un oxymore. Comment allié un cercle de vie à la mort ?

Le cercle, cette forme parfaite est sous-entendue comme le fil conducteur du tableau. Il démontre une cascade d'événements découlant les uns des autres.

Chaque choix entraine une conséquence.



samedi 17 septembre 2011

Portrait de Clint.


Avec le temps, Eastwood fait du vieillissement de son visage un véritable véhicule de fiction, même dans les films qu'il ne met pas en scène comme à travers Dans la ligne de mire. En 1995, le cinéaste Luc Moullet écrit à ce propos :

" À partir de Pale Rider, ce qu'on voit surtout du visage d'Eastwood, c'est son impressionnante veine sur la droite du front. Elle exprime une vie marquée par les épreuves, les ans, et la fragilité de l'existence humaine : on a toujours l'impression que cette veine va éclater, menaçant les jours du tireur d'élite infiniment plus que ses adversaires armés jusqu'aux dents. Cette veine temporale, un petit travail conjugué de maquilleur et de l'opérateur eût suffi à la faire disparaître à nos yeux, ce qu'auraient exigées toutes les stars du monde, sauf Eastwood. On a même l'impression qu'il fait tout pour qu'on la voit, et qu'on ne voit qu'elle."

Clint Eastwood

Le premier souvenir que j'ai de Clint est sûrement un Western... Je suis convaincu qu'Impitoyable reste à ce jour Le plus grand Western produit. Ce film marquera aussi la fin du cycle Western pour Clint, à l'époque les critiques (Télérama pour ne pas les citer) s'insurger de voir Clint Eastwood aller "plus loin que John Wayne dans la voie du racisme et de la violence !" Considérer Eastwood comme un âpre réactionnaire fut longtemps le sport de prédilection des critiques. Mais après quelques : "Sur la route de Madison", "Mystic River", "Million Dollar Baby" plus tard, il devient la figure du réalisateur repenti...
En aucun cas ! Il sort "Gran Torino", un inspecteur Harry à la retraite où Clint met surement un terme à sa carrière d'acteur et à son cycle urbain, de manière hautement symbolique, Kowalski finissant à terre criblé de balles et dans une position Christique.



mercredi 14 septembre 2011

Falling in love with an Indian girl.

Une peinture m'apparaît comme un paysage urbain, une agglomération informe de routes, de motels, de stations service, de Diners, d’entrepôts : échantillons de lieux mythiques de films.
Ces mêmes paysages immortalisés dans les tableaux d'Edward Hopper et de Remington. La plus insignifiante station service de la Route 66 ou une Cadillac représentent les clichés de l'Amérique que j'aime, comme une parfaite image qui donne au dessin sa force profonde et sa sacralité hollywoodienne. Chez moi, le cinéma est partout, parce que c'est le lieu du possible et non du réel. Mettant à profit ma mémoire visuelle, personnelle, et piochant ça et là les pierres précieuses extraites de films, de bandes dessinées, de chansons, de séries télévisées, et d'acteurs dont l'impact se répercute sur mon travail.

Uncle $am


Dix ans déjà... La terre a tremblé, les Twins Towers se sont effondrées. Quatre Mille personnes sont mortes en direct et une faille béante au Sud de Manathan gît toujours dans l'esprit des Américains.
J'ai sculpté ce crâne et je l'ai recouvert de Dollars pour le transposer sur la toile à l'identique, puisque désormais l'argent vaut plus qu'une Vie.
L'exercice de commémoration via la fabrication d'une image forte peut paraître normal voir salutaire, mais ici le Dollar est au dessus de la Mort, Wall Street n'a-t-il pas ouvert le lendemain du 11 septembre ?
Lorsque Picasso a peint Guernica ou Goya ses peintures Noires, les artistes exorcisaient à leur façon les atrocités des guerres d' Espagne. La sublimation demeurant l'essence même de la création artistique.
Avec ce détournement plastique de l'un des emblèmes forts américains dressé comme une interrogation. Tout comme celle du Christ sur la Croix. Mort...et ressuscité.
On nous sert des symboles à tout va. Les Tours sont presque redressées et quatre mille milliards de Dollars de Guerre Irakienne plus tard, le monde continue toujours de marcher sur la tête, engrangeant du virtuel comme premier rempart à l'effroyable vérité.
Commémoration médiatique, vérité très fictive, tout, finalement pour oublier ce qui s'est réellement passé...

mardi 13 septembre 2011

Metric Skull


Le criminel un malade ?

1810-2011 : cela fait deux siècles, depuis le code pénal Napoléonien, que le droit prend en compte les crimes commis par les fous, qui en étaient auparavant exclus, comme les enfants ou les animaux. Deux siècles aussi que la phrénologie et la psychiatrie naissante ont déclaré que les fous sont des malades, non des pêcheurs ou des débauchés, et que les criminels sont souvent poussés par un impulsion irrésistible.

Fasciné par l'imagerie de la police scientifique et médicale des années 1900, j'ai cherché à intégrer à ce tableau les croyances de l'époque à savoir que certaines zones du cerveau définissaient le criminel ou selon la morphologie de son visage. Médecins et artistes dressèrent une typologie du criminel des campagnes et du criminel des villes, bien avant la Belle Epoque.
Il fallait une ambiance pesante de suspicion, dès lors que vous regardez le tableau, il semble vous dire que c'est vous le coupable.

"No fate but what we make"


En vue de la prochaine exposition à Lille, je travaille sur les vanités modernes.
Terminator est l'un de mes films cultes, je dessinais des T-1000 en cours de maths... voire histoire, géographie, physique-chimie, français... Ce film est pour moi culturellement, historiquement et surtout esthétiquement important à mes yeux.
James Cameron (qui est illustrateur) a dessiné et crée cette vanité futuriste, c'est pourquoi mon tableau reprend l'idée de la vanité c'est-à-dire qui nous sommes, et où nous allons. Une éternelle interrogation.